Contexte national de l’employabilité des jeunes
Au Congo-Brazzaville, l’emploi des jeunes représente depuis plusieurs années un axe stratégique du Plan national de développement. Les autorités multiplient les programmes visant à transformer le dividende démographique en moteur de croissance inclusive, tout en veillant à la cohérence avec les politiques sociales et éducatives.
La réunion du 22 août 2025, présidée par le ministre Hugues Ngouélondélé, s’inscrit dans cette dynamique. Elle a officialisé l’ouverture des inscriptions à la deuxième cohorte du Programme Stagi, pierre angulaire de la stratégie d’insertion professionnelle portée par le Fonds national d’appui à l’employabilité et l’apprentissage.
Programme Stagi : objectifs stratégiques
Lancé en mai 2024, Stagi ambitionne de placer dix mille jeunes diplômés en entreprise avant 2028. L’approche conjugue accompagnement technique, allocations de subsistance et mentorat afin de réduire le délai entre la fin des études et l’entrée durable sur le marché du travail.
Le comité de pilotage, qui réunit le ministère, le PNUD, le système onusien et plusieurs entreprises dont Eni Congo, assure le suivi des indicateurs. Les signataires soulignent la nécessité de calibrer l’offre de stages aux besoins réels des filières stratégiques comme l’énergie, le numérique ou l’agroalimentaire.
Autonomisation des jeunes femmes
Le directeur du Fonea rappelle que l’équité constitue un critère prioritaire. Sur les dix mille placements projetés, cinq mille sont réservés aux femmes. Cette cible répond à l’engagement national de lutter contre les disparités de genre dans l’accès à l’emploi formel et à la protection sociale.
Depuis l’année dernière, 1 200 jeunes filles ont déjà été formées aux métiers du numérique, un secteur porteur qui demeure encore masculin. Selon Adama Dian Barry, cette montée en compétences féminines montre que « la jeunesse congolaise, lorsqu’elle est accompagnée, se révèle force de proposition et d’innovation ».
Pour les organisations de défense des droits des femmes, la clé réside dans l’accompagnement post-stage. Obtenir un contrat, négocier un salaire équitable et accéder à la couverture maladie constituent autant d’étapes critiques. Le Programme Stagi prévoit un suivi de six mois visant à faciliter cette transition.
Partenariats public-privé et insertion
La signature d’une lettre d’engagement entre le Fonea et Eni Congo symbolise le rôle croissant du secteur privé. Trente stagiaires seront accueillis sur des plateformes pétrolières et dans les métiers de support. L’entreprise affirme vouloir « retenir les profils les plus motivés » après évaluation des performances.
Au total, plus de quarante entreprises nationales et internationales participent déjà au dispositif. Unicongo, l’association patronale, a co-construit un référentiel de compétences afin d’harmoniser les attentes. Les partenaires se félicitent de la réduction observée du turn-over parmi les nouveaux embauchés issus de la première cohorte.
Les agences onusiennes, pour leur part, apportent un appui technique. Le PNUD finance les sessions de renforcement des soft skills, tandis que l’UNFPA coordonne les modules consacrés à la santé sexuelle et reproductive. Cette articulation illustre la logique holistique visant une insertion durable et socialement responsable.
Témoignages de bénéficiaires
Alice, 24 ans, titulaire d’un BTS en maintenance industrielle, fait partie des 1 225 filles accompagnées. « Mon stage chez Eni m’a permis de manipuler des équipements que je ne voyais qu’en vidéo », raconte-t-elle. Elle prépare maintenant un entretien pour un poste de technicienne junior.
Selon une enquête interne, 82 % des bénéficiaires de la première cohorte se déclarent satisfaits et 37 % ont déjà obtenu une proposition d’embauche. Les taux varient selon les secteurs, l’industrie extractive et le numérique offrant les perspectives les plus rapides de contractualisation.
Enjeux futurs et impact attendu
Les experts s’accordent à dire que l’insertion professionnelle ne saurait être dissociée de la formation continue. Le Comité de pilotage envisage donc de renforcer les passerelles avec les instituts techniques et les universités, afin d’actualiser en temps réel les curricula en fonction des retours des employeurs.
Le ministère de la Jeunesse explore parallèlement des incitations fiscales destinées aux entreprises qui transforment un stage Stagi en contrat à durée indéterminée. Un projet de décret est à l’étude, avec pour ambition de rendre la mesure effective avant la fin de l’année budgétaire 2026.
Pour l’heure, les statistiques prévisionnelles anticipent un impact direct sur 50 000 personnes, si l’on intègre les familles. À plus long terme, le gouvernement et ses partenaires comptent faire de Stagi un modèle reproductible dans d’autres régions d’Afrique centrale, en valorisant les retours d’expérience congolais.
Les associations féministes saluent l’engagement officiel mais resteront vigilantes quant à la qualité des stages et à la protection contre le harcèlement. Elles plaident pour un système de signalement confidentiel, assorti de sanctions, afin de garantir que chaque jeune femme évolue dans un environnement respectueux.
En définitive, le Programme Stagi s’affirme déjà comme un levier déterminant pour la jeunesse congolaise. Son extension géographique et son accent sur l’égalité de genre traduisent une volonté nationale de conjuguer développement économique et justice sociale, un objectif partagé par l’ensemble des partenaires impliqués.











