Une moisson banguissoise au parfum d’or
La nouvelle s’est propagée dans les allées du Palais des sports de Brazzaville avant même que le car ne franchisse le Pont du Djoué : les Diables-Rouges du sable ramenaient une médaille d’or et une d’argent du second tour de la Zone 4 de la Confédération africaine de volley-ball. Sur le rectangle finement ratissé du stade Barthélémy-Boganda, la paire masculine Mazengo-Douala a dominé la finale face aux Fauves de l’Oubangui 20-17 puis 23-21, alors que leurs homologues féminines ne cédaient qu’aux Lionnes indomptables du Cameroun. Cette récolte, obtenue dans une configuration triangulaire qui réunissait Cameroun, Centrafrique et Congo, confirme la place ascendante du pays dans la hiérarchie régionale.
La dynamique sportive sous-régionale révélée par la Zone 4
Depuis plusieurs saisons, la CAVB exploite la segmentation en zones pour stimuler une compétition de proximité et réduire les coûts. En Afrique centrale, la Zone 4 agit comme un laboratoire de coopération où se croisent jeunes talents, entraîneurs certifiés et arbitres internationaux. La faible participation – trois pays au lieu des huit initialement attendus – souligne toutefois les défis budgétaires et sécuritaires qui pèsent encore sur les fédérations locales, un constat que relativise le secrétaire général zonal Devis Meh en insistant sur « l’exemplarité organisationnelle de Bangui, appelée à faire école ».
Un périple routier riche d’enseignements logistiques
Le choix assumé d’effectuer par la route les près de 1400 kilomètres séparant Brazzaville de Bangui a donné à la délégation l’occasion d’expérimenter une véritable odyssée panafricaine. Dans un convoi unique, huit athlètes, un encadrement restreint et l’arbitre international Eugène Mitamona ont traversé plateaux verdoyants et postes frontaliers en deux jours d’allure soutenue. Le financement, assuré par le général Serge Oboa, confirme la contribution notable de mécènes nationaux au mouvement sportif congolais, tout en invitant les acteurs publics et privés à consolider un maillage logistique pérenne qui prémunisse les sélections contre l’aléa routier.
L’émergence d’une école congolaise du sable
Sur le plan technico-tactique, le succès de Mazengo et Douala ne relève pas du hasard. Depuis trois ans, la Fédération congolaise de volley-ball a mutualisé les séances plage du fleuve Congo avec des modules de renforcement musculaire issus de la préparation olympique. Encadrée par un corps technique formé à Tunis lors d’un stage CAVB, la nouvelle génération améliore la lecture de trajectoire et la gestion de la deuxième touche, deux aspects déterminants sur un sable aux grains particulièrement épais, comme celui de Bangui. La médaille d’argent féminine, acquise au terme d’un tie-break accroché, démontre pour sa part la montée en puissance de la filière féminine, encore en structuration mais déjà dotée d’un mental compétitif.
Soft power et cohésion régionale
Le sport, et singulièrement le beachvolley, agit comme un instrument de rayonnement pour Brazzaville. Dans un espace CEMAC en quête de convergences structurelles, la performance congolaise nourrit une narration positive, vecteur d’attractivité pour les investisseurs et témoignage de stabilité. Un diplomate centrafricain présent dans les tribunes confie que « les échanges de service au filet valent parfois de longs discours », rappelant la capacité du sport à tisser des liens informels et à réduire les tensions latentes entre communautés riveraines de l’Oubangui.
La question de l’accompagnement institutionnel
À leur arrivée sur le tarmac du stade Massamba-Débat, les athlètes n’ont pas bénéficié d’un protocole officiel, ce qui n’a pas altéré leur joie. Le ministère en charge des Sports a, selon nos informations, communiqué ses félicitations dans un courrier interne, saluant « la combativité et l’esprit patriotique » de la délégation. Une réflexion est toutefois lancée sur la mise en place d’un dispositif d’accueil harmonisé, afin de capitaliser médiatiquement sur les victoires internationales et d’inspirer la jeunesse, objectif inscrit dans le Plan national de développement 2022-2026.
L’horizon des qualifications continentales
Au-delà de l’émotion, l’enjeu premier demeure la qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations et, à terme, pour les Jeux Africains de 2027. Le directeur technique national, joint par téléphone, indique que la paire victorieuse suivra un calendrier d’entraînement bi-hebdomadaire sur les installations du Centre sportif de Kintélé, désormais dotées d’un terrain de sable calibré aux normes FIVB. Une participation à un camp d’altitude à Foumban est également en discussion. Autant d’étapes qui permettront de transformer l’exploit banguissois en trajectoire durable.
Entre résilience et ambition, un récit à poursuivre
Le retour médaille au cou et sable encore incrusté sous les semelles, les beacheurs congolais témoignent d’une résilience partagée par nombre de disciplines nationales. Cette expédition, soutenue par des initiatives privées mais inscrite dans une gouvernance sportive en consolidation, rappelle que le succès naît d’une alliance subtile entre passion, organisation et vision. Au crépuscule d’une saison marquée par des résultats encourageants en athlétisme et en handball, le beachvolley offre à Brazzaville un nouveau motif de fierté et, surtout, un tremplin vers des ambitions continentales assumées.