Bac 2025 : les chiffres contredisent les sceptiques

Un taux de réussite en constante élévation

Au crépuscule de la session 2025, le jury général présidé par le professeur Dominique Oba a levé le voile sur des résultats qui confirment une tendance haussière devenue structurelle. Sur 92 995 candidats, 43 682 ont franchi l’épreuve, portant le taux de réussite à 46,97 %, contre 45,68 % l’an dernier. L’évolution, certes graduelle, témoigne d’un redressement amorcé dès 2020 où le pays ne comptait que 34,76 % de lauréats. Six années de croissance quasi ininterrompue dessinent désormais une courbe qui consolide l’espérance collective placée dans l’école publique.

Cette dynamique est d’autant plus significative qu’elle intervient dans un contexte démographique marqué par l’accroissement rapide des effectifs scolaires. Les capacités d’absorption du système, régulièrement mises à l’épreuve, n’ont pourtant pas inversé la trajectoire ascendante des performances académiques.

Des dynamiques territoriales contrastées

La cartographie départementale révèle cependant des disparités qu’il serait hâtif d’imputer à la seule dotation matérielle. Avec 79,96 % d’admis, la Cuvette-Ouest confirme son statut de vivier d’excellence, devant la Likouala, les Plateaux et la Cuvette. À l’inverse, Brazzaville et Pointe-Noire, pourtant mieux pourvues en infrastructures, ferment la marche. Plusieurs variables sociologiques, dont la densité urbaine et la fragmentation des établissements, pèsent sur l’efficacité pédagogique dans les grandes agglomérations.

Le cas de Géniale Bokouango, première de la session avec 17/20 au lycée scientifique de Massengo (arrondissement 9 Djiri), illustre la capacité des périphéries brazzavilloises à produire des élites académiques lorsque les conditions de travail sont réunies.

Les leviers politiques d’une amélioration durable

Depuis 2018, le ministère de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation a mis l’accent sur deux axes complémentaires : le renforcement quantitatif du corps enseignant et l’évaluation systémique des établissements. Aux 15 000 enseignants recrutés en cinq ans s’ajoute un dispositif de formation continue qui, selon un rapport interne consulté par nos soins, a bénéficié à plus de 60 % du personnel du second degré.

Parallèlement, la généralisation progressive des plateformes numériques – désormais modus operandi pour la publication des résultats – traduit la volonté gouvernementale de moderniser la gouvernance scolaire. Pour le politiste Alain Mavoungou, « l’appropriation du numérique par l’administration scolaire réduit les asymétries d’information et consolide la confiance des ménages dans l’État ». L’observation corrobore l’hypothèse selon laquelle l’efficience administrative contribue indirectement à la performance académique.

Regards d’acteurs sur la valeur sociale du diplôme

La progression des taux de réussite n’épuise pas le débat sur la valeur socio-économique du baccalauréat. Pour le sociologue Sylvain Makosso, « le Bac reste au Congo-Brazzaville un marqueur de distinction sociale et, dans la société urbaine, un passeport symbolique vers l’insertion professionnelle ». Cette observation se vérifie dans le secteur privé où l’employabilité des jeunes diplômés demeure corrélée à la possession du précieux sésame.

Le professeur Dominique Oba, lors de la proclamation des résultats, a salué « l’engagement citoyen des familles » et exhorté les nouveaux bacheliers à transformer « cet acquis académique en levier de développement national ». Son propos souligne la double dimension, individuelle et collective, du diplôme : gratification personnelle mais aussi investissement social porté par les pouvoirs publics.

Perspectives pour une consolidation des acquis

Les défis qui subsistent sont connus : surpopulation de certaines classes, hétérogénéité des ressources pédagogiques et vulnérabilités socio-économiques d’une partie des ménages. Cependant, l’élévation régulière du taux de réussite nourrit l’argument selon lequel l’école congolaise se trouve dans une phase d’apprentissage institutionnel positif. La trajectoire pourrait être accélérée par une coopération renforcée avec les organisations internationales, notamment dans les domaines de la formation en sciences et en technologies de l’information.

Dans l’immédiat, la session 2025 s’impose comme un jalon encourageant. Elle laisse présager, si les efforts de régulation et d’investissement se poursuivent, une inflexion durable du cursus secondaire vers la qualité. « Cette année n’est pas un point d’arrivée mais un point d’appui », résume un inspecteur général, rappelant ainsi que la progression statistique gagne à être consolidée par la pérennité des politiques publiques. Une ambition partagée par les nouveaux bacheliers, dont les traces s’inscrivent désormais dans la mémoire collective d’un pays résolument tourné vers l’élévation de son capital humain.