Publié par 8h34 Actualités

Génération Génie: ainsi s’écrit l’essor

Une première cuvée célébrée à Brazzaville

Sous les lambris feutrés d’un hôtel de la capitale, vingt-huit apprenants, dont vingt-six femmes, ont solennellement reçu leurs certificats de fin de formation. L’instant est chargé d’émotion : en remettant les parchemins, la présidente de la Chambre nationale des femmes cheffes d’entreprises et entrepreneures du Congo, Flavie Lombo, souligne « la mue accomplie par des profils parfois hésitants, aujourd’hui capables de défendre un projet devant n’importe quel investisseur ». L’image est forte et dépasse la simple remise de diplômes : elle traduit le pari, de plus en plus assumé au Congo, d’une croissance tirée par la créativité et la résilience de l’entrepreneuriat féminin.

Un écosystème d’appui public-privé

Si cette première cohorte aboutit, c’est d’abord parce qu’elle a fédéré un triangle stratégique. Le ministère des Petites et Moyennes Entreprises, représenté par Jacqueline Lydia Mikolo, a rappelé la priorité présidentielle accordée à la promotion économique des femmes. Le Programme des Nations unies pour le développement, par la voix d’Adama Dian-Barry, a inscrit son soutien financier – un chèque de 10 000 dollars – dans sa lutte contre la pauvreté et pour l’autonomisation. Enfin, Ecobank, au travers de son dispositif « Éleveur d’Étoiles », s’est engagé à faciliter la bancarisation et l’accès au crédit de la promotion sortante. Cette articulation d’acteurs publics, multilatéraux et privés incarne la dynamique de partenariats prônée par l’Agenda 2030, tout en répondant aux spécificités congolaises de marché naissant et de besoin d’ingénierie sociale.

Un curriculum pensé pour la compétitivité

Durant huit semaines, les participantes – et deux hommes intégrés dans une démarche de masculinité positive – ont alterné ateliers techniques et sessions de coaching personnel. L’élaboration d’un business plan, la structuration d’une chaîne de valeur ou encore la maîtrise du pitch investisseur ont côtoyé des modules de développement identitaire visant à renforcer estime de soi et leadership. Cette hybridation des savoirs durs et soft skills répond à un double enjeu : améliorer la viabilité économique des micro-entreprises tout en consolidant une posture entrepreneuriale capable de résister aux aléas macroéconomiques. Blanche Bafiatissa, fondatrice de la marque Bianca Biofood, résume le sentiment général : « Nous savons désormais distinguer commerce et entrepreneuriat, mutualiser nos forces et projeter nos entreprises dans le temps long ».

Cap sur 1 000 entrepreneures dans cinq villes

Le programme ne se veut pas un feu de paille. Déjà, Pointe-Noire a entamé sa propre session, Oyo en lancera une autre sous peu, tandis que Dolisie et Ouesso se préparent. L’objectif est clairement chiffré : former d’ici deux ans un millier de femmes, à raison de deux cents par métropole régionale. Cette démultiplication répond à une logique d’aménagement du territoire et d’inclusion : éviter la concentration de l’appui entrepreneurial dans les seules grandes capitales économique et politique, et irriguer les bassins d’emploi émergents. On note également la volonté d’inscrire les bénéficiaires dans un réseau national de mentorat, capable d’échanger débouchés commerciaux et retours d’expérience.

Un levier pour la diversification et la résilience nationales

Au-delà de la trajectoire individuelle des lauréates, Génie s’inscrit dans une stratégie macroéconomique plus large, portée par le Plan national de développement 2022-2026. Dans un contexte de dépendance structurelle aux hydrocarbures, le Congo recherche de nouveaux piliers de croissance et mise sur l’économie de la connaissance, l’agrobusiness ou le numérique. Les micro-entreprises féminines, souvent ancrées dans ces segments, peuvent jouer un rôle d’amortisseur social et d’accélérateur de diversification. Les partenaires internationaux voient dans l’initiative une contribution tangible aux Objectifs de développement durable, notamment ceux liés à l’égalité de genre, au travail décent et à la croissance économique.

La prochaine étape résidera dans la capacité à transformer ces jeunes pousses en PME structurées, capables d’exporter leur savoir-faire sous-régionalement. Pour y parvenir, plusieurs leviers sont régulièrement cités : accès au financement patient, simplification des procédures fiscales, mais aussi développement d’infrastructures numériques. Sur ces points, les autorités congolaises affichent une posture d’écoute et promettent d’étoffer les dispositifs existants, conscient que l’essor économique féminin participe à la stabilité sociale et à l’attractivité internationale du pays.

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Étiquettes : , , Last modified: 10 août 2025
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