Une synergie institutionnelle au service de la jeunesse
Accra a récemment vibré au rythme de la Finale continentale 2024-2025 du Championnat africain de football scolaire, rendez-vous où la Confédération africaine de football et TotalEnergies ont couronné deux figures montantes du ballon rond : la Ghanéenne Jennifer Awuku et le Sénégalais Souleymane Commissaire Faye. L’annonce s’inscrit dans une coopération inaugurée en 2016 entre l’instance sportive et le géant énergétique, partenariat qui se veut catalyseur d’opportunités nouvelles pour les moins de dix-huit ans. Cette articulation entre secteur privé et gouvernance sportive montre la capacité du football à transcender le simple cadre compétitif pour devenir une plateforme de politiques publiques orientées vers la cohésion sociale et la diplomatie culturelle.
Les lauréats, visages d’une génération connectée
Jennifer Awuku, évoluant au poste de milieu offensif, et Souleymane Faye, attaquant agile, partagent un profil qui dépasse leur talent athlétique. Leur aisance à manier à la fois le ballon et les outils numériques a séduit le comité de sélection. Invités à officier comme ramasseurs de balles lors de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations Maroc 2025, ils bénéficieront d’une immersion totale dans l’élite professionnelle. L’expérience vise à créer un effet de halo : exposer deux adolescents à la haute performance pour irriguer leurs communautés d’origine d’aspirations nouvelles. Dans une perspective sociologique, le dispositif matérialise la notion de « rôle modèle », facteur déterminant de la fabrique des vocations chez les pairs.
Le football scolaire, laboratoire d’inclusion et de compétences
Depuis trois ans, la CAF revendique une architecture pyramidale qui part des cours d’école pour culminer sur les pelouses continentales. L’approche répond à un double objectif : démocratiser l’accès à la pratique tout en identifiant précocement les élites sportives. L’épreuve d’Accra a accueilli vingt-quatre délégations, dont neuf conduites par des entraîneures femmes, chiffre inédit qui confirme une avancée mesurable vers l’égalité des genres. À côté des matches, des ateliers de leadership, de santé reproductive et de gestion des médias sociaux ont réuni près de deux cents participants, confirmant le glissement du football vers un support pédagogique total. Cet écosystème nourrit l’hypothèse, chère aux sciences sociales, selon laquelle le sport peut être vecteur d’« empowerment » collectif, vecteur d’une citoyenneté active et inclusive.
TotalEnergies, entre diplomatie d’entreprise et responsabilité sociale
Pour Martin Bertran, vice-président Marque et Sponsoring, « soutenir la jeunesse africaine, c’est investir dans la stabilité et la prospérité du continent ». La rhétorique s’ancre dans une stratégie plus vaste de soft power économique, où l’image de marque se bâtit sur la promesse de retombées sociétales tangibles. Le financement intégral des frais de voyage et de séjour des lauréats au Maroc illustre un modèle de mécénat à forte visibilité. Dans le même temps, l’atelier de création de contenu numérique organisé en marge du tournoi a formé huit adolescents à la captation d’images, à la rédaction de dépêches et au community management. Ce volet, moins spectaculaire que le trophée, n’en demeure pas moins fondamental : il outille la jeunesse pour les métiers émergents de l’économie attentionnelle.
Perspectives continentales et diplomatie sportive
Véron Mosengo-Omba, secrétaire général de la CAF, a souligné que « la reconnaissance sportive n’est qu’un prétexte à un investissement plus vaste dans le futur du football africain ». Cette dimension prospective s’insère dans une chronologie où le continent accueillera, outre la CAN 2025, plusieurs compétitions de jeunes, offrant autant de fenêtres pour consolider des infrastructures et diffuser des récits positifs. Les capitales africaines, Brazzaville incluse, multiplient les initiatives pour accueillir des camps d’entraînement et des stages mixtes, intégrant parfois les académies militaires aux programmes de formation physique, signe de l’importance accordée à la diplomatie sportive comme vecteur de rayonnement national.
À l’heure où l’Afrique représente l’un des viviers démographiques les plus dynamiques de la planète, le football scolaire devient un marqueur d’identités collectives, mais aussi un creuset de compétences transférables au marché du travail. En couplant compétition, éducation et ouverture culturelle, la CAF et TotalEnergies instaurent un modèle potentiellement réplicable dans d’autres disciplines. L’enjeu n’est plus seulement de détecter le prochain prodige, mais d’ériger un cadre systémique où chaque adolescent puisse trouver dans le sport une trajectoire de promotion sociale. La distinction accordée à Awuku et Faye signale ainsi une inflexion stratégique : l’avenir du football africain se joue autant dans les amphithéâtres scolaires que dans les stades emblématiques.