Fraude scolaire : la riposte qui rassure enfin

Vers un examen national sous contrôle

En donnant le coup d’envoi des épreuves écrites du Brevet d’études du premier cycle, le 15 juillet 2025, Jean-Luc Mouthou a voulu faire de la cour du Lycée Chaminade une vitrine de l’effort collectif déployé depuis plusieurs mois. Cent vingt-cinq mille deux cent soixante-cinq candidats, répartis dans toutes les contrées du pays, se confrontent simultanément à un programme harmonisé. L’image, symbolique, traduit l’ambition d’un ministère bien décidé à inscrire la régularité des évaluations nationales dans une dynamique de confiance renouvelée.

Le ministre, précédé d’un discours sobre mais offensif, a rappelé que le BEPC boucle le calendrier d’examens d’État, entamé par le baccalauréat général dont les résultats ont été publiés le même jour à l’Université Marien-Ngouabi. L’enchaînement des échéances souligne la continuité d’une politique visant à sécuriser chaque maillon de la chaîne d’évaluation pour, selon ses mots, « consolider la crédibilité de nos diplômes sur la scène africaine et au-delà ».

Des dispositifs préventifs renforcés

La question de la triche, longtemps perçue comme un mal endémique, a occupé le devant de la scène. Pour Jean-Luc Mouthou, c’est sur ce terrain que se joue la légitimité de l’école congolaise. « Nous observons une nette réduction des cas de fraude grâce à un maillage institutionnel sans précédent », a-t-il affirmé, évoquant la Haute Autorité de lutte contre la corruption ainsi que diverses associations citoyennes mobilisées en amont des examens.

La stratégie s’appuie sur une pédagogie de la prévention : campagnes de sensibilisation contre l’usage des téléphones, rappel ferme des sanctions encourues et présence visible de référents éthiques dans les centres. S’y ajoute un filtrage technologique discret, composé de brouilleurs de signal et de détecteurs de dispositifs miniaturisés, que les surveillants décrivent comme « la première ligne dissuasive ».

Résultat, les rapports préliminaires font état d’une baisse sensible des incidents, signe qu’une culture de l’intégrité scolaire commence à s’enraciner. Si la prudence reste de mise en attendant la fin des corrections, plusieurs inspecteurs reconnaissent un « tournant qualitatif notable » depuis deux sessions.

Un accompagnement sanitaire et psychologique assumé

Dans un contexte marqué par des épisodes sanitaires récents, la dimension humaine de l’examen n’a pas été reléguée au second plan. Des équipes médicales mobiles, coordonnées par la sécurité civile, veillent aux accès des centres. Elles disposent de protocoles spécifiques pour les candidats fiévreux ou en situation de handicap temporaire, réduisant ainsi le risque d’exclusion.

Le facteur stress, souvent minimisé, a également fait l’objet d’une attention soutenue. Des psychologues scolaires ont été déployés dans les zones à forte densité de candidats, notamment à Brazzaville où cinquante-et-un mille sept cent soixante-six élèves sont répartis dans cent trente-sept centres. Entre deux épreuves, ces professionnels dispensent des conseils sur la respiration contrôlée et la gestion du temps, instaurant un climat de sérénité propice à la concentration.

Un pari logistique inédit

Assurer la simultanéité des sujets sur tout le territoire demeure un défi colossal. Les services du ministère ont opté pour une mutualisation des ressources : acheminement des copies par convoyeurs sécurisés, stockage sous scellés électroniques et double vérification des lots avant distribution. Les observateurs saluent une modernisation progressive inspirée de standards internationaux.

Au plan pédagogique, la composition des sujets fait l’objet d’une procédure rigoureuse. Un comité d’experts, issu de l’Institut national de recherche et d’action pédagogique, a revisité la grille de compétences pour privilégier l’évaluation des capacités d’analyse plutôt que la restitution brute des connaissances. Cette évolution, encore prudente, répond à la nécessité d’aligner les curricula nationaux sur les attentes régionales de la zone CEMAC.

Au-delà des examens, un cap réformiste

Le volontarisme affiché autour du BEPC s’inscrit dans une trajectoire plus large. Le ministère multiplie les ateliers sur le numérique éducatif, convaincu qu’une traçabilité accrue des évaluations passe par la dématérialisation partielle des copies et la formation continue des enseignants aux outils informatiques. Des pilotes seront lancés dès la rentrée prochaine dans certains collèges urbains, avec l’appui de partenaires techniques.

À moyen terme, l’objectif consiste à faire du Congo-Brazzaville une référence sous-régionale en matière de gouvernance scolaire. Les signaux envoyés cette année, de la réduction constatée des fraudes à l’amélioration des conditions d’accueil, dessinent un horizon où l’examen cesse d’être un moment de crispation pour devenir un rituel de confiance partagée. « Il n’y a pas d’école forte sans éthique forte », résume un pédagogue de l’Université Marien-Ngouabi, convaincu que le chemin emprunté consolidera l’attractivité du système éducatif national.