Contexte et annonce officielle
Réunis dans une salle comble de l’Hôtel Olympic Palace, les cadres de la Génération auto-entrepreneur ont détaillé, vendredi 22 août 2025, une feuille de route qui place la mobilisation citoyenne au centre de l’actualité politique congolaise.
À la tribune, le coordonnateur Digne Elvis Okombi-Tsalissan a fixé trois priorités immédiates : renforcer le réseau de soutien au Président Denis Sassou-Nguesso, accompagner la révision extraordinaire des listes électorales et étendre les dispositifs d’insertion économique déjà amorcés.
Devant des représentants associatifs issus des neuf arrondissements de Brazzaville, il a également confirmé la première conférence nationale de G.a.e, prévue du 28 au 30 août, qui doit évaluer le terrain, former les délégués et planifier l’implantation de nouveaux comités.
Entrepreneuriat et autonomisation des femmes
Depuis 2023, la plateforme « Matissa Affaire » finance de petites activités génératrices de revenus portées majoritairement par des femmes commerçantes des marchés de Ouenzé et de Poto-Poto, soulignent les coordinateurs, évoquant plus de 1 000 microcrédits octroyés.
La stratégie repose sur un principe simple : associer soutien politique et promotion économique afin de réduire la précarité, facteur reconnu de vulnérabilité face aux violences sexistes et sexuelles, rappellent des sociologues de l’Université Marien-Ngouabi consultés pour l’occasion.
« Lorsque nos mères disposent d’un revenu autonome, elles négocient mieux leur sécurité et leur dignité », insiste Mireille Boungou, cheffe d’atelier de couture à Talangaï, bénéficiaire du programme qui prévoit une extension vers les quartiers périphériques avant décembre.
Jeunesse et innovation sociale
Plus de 30 000 jeunes auto-entrepreneurs et artisans ont déjà été recensés dans la base de G.a.e, selon le bilan présenté. La majorité opère dans les services numériques, la mécanique et la transformation agroalimentaire à petite échelle.
Le mouvement affirme vouloir porter ce vivier à 40 000 adhérents dès septembre, en s’appuyant sur des clubs de quartier animés par des formateurs bénévoles qui partagent outils de gestion, sensibilisation aux droits humains et protocoles de prévention des violences domestiques.
« La citoyenneté s’apprend au même titre que la comptabilité », estime Trésor Obami, facilitateur à Makelekele, pour qui la préparation d’une élection commence par la maîtrise de l’information civique et la confiance dans les institutions de proximité.
Révision électorale et participation féminine
Le 1er septembre marquera le début de la campagne nationale pour la mise à jour des listes. Les organisateurs rappellent que l’enjeu dépasse la simple inscription : il s’agit de garantir une représentation féminine accrue dans les bureaux et les commissions locales.
Selon la Commission électorale, les femmes représentent actuellement 46 % des électeurs enregistrés mais moins de 25 % des membres de bureaux de vote. G.a.e vise un taux de participation féminine supérieur à la parité dans les zones urbaines.
Les comités de soutien, souvent dirigés par des mères de famille, joueront un rôle déterminant dans le porte-à-porte et la vérification des centres d’inscription. Cette approche renforce, selon les spécialistes, le sentiment d’appartenance à la cité et réduit l’abstention.
Collecte symbolique et cohésion sociale
Une cotisation de 100 F CFA sera proposée dans chaque quartier afin de « parrainer » la candidature du Patriarche. Au-delà de la somme, jugée accessible, l’opération veut créer un engagement concret et mesurable entre citoyens et institutions.
Des anthropologues rappellent que les tontines et les collectes populaires constituent une tradition de solidarité bien implantée. « Cette pratique donne une valeur rituelle à la participation politique et renforce la confiance mutuelle », analyse le professeur Isidore Litsani, de l’Institut national de recherche.
Les fonds serviront en partie à financer de nouveaux ateliers de formation pour les jeunes femmes, notamment dans le recyclage de plastique et la fabrication de briquettes écologiques, secteurs considérés comme porteurs dans le cadre de la transition énergétique nationale.
Perspectives socio-politiques
Pour plusieurs analystes, la conjonction entre soutien électoral et programmes de lutte contre la pauvreté illustre une gouvernance « par le bas » où les femmes occupent un rôle pivot, tant dans l’économie informelle que dans la médiation sociale quotidienne.
Le calendrier dévoilé prévoit également deux méga-meetings, à Pointe-Noire et à Brazzaville. Selon les organisateurs, ces rassemblements feront office de vitrines pour les réussites féminines, avec des stands dédiés aux lauréates de concours entrepreneuriaux récents.
Interrogé sur le risque de politisation des aides, Digne Elvis Okombi-Tsalissan répond que « l’inclusion économique est une priorité transpartisane ». Il assure que les bénéficiaires seront sélectionnés selon des critères de viabilité et non d’affiliation partisane.
La société civile, de son côté, observe attentivement l’articulation entre mobilisation populaire et promotion des droits. Plusieurs ONG estiment que la visibilité accordée aux femmes durant la période électorale pourrait servir d’exemple pour d’autres campagnes publiques de sensibilisation.
À moyen terme, G.a.e projette d’accompagner 5 000 jeunes supplémentaires vers l’emploi et de suivre l’impact de ses actions à travers un observatoire interne. Les premiers indicateurs seront rendus publics au cours du premier trimestre 2026, indiquent les responsables.
Pour l’heure, la dynamique semble trouver un écho favorable auprès d’une jeunesse en quête de reconnaissance et de stabilité. Les prochains mois diront si la jonction entre civisme, entrepreneuriat et lutte contre les violences faites aux femmes peut s’inscrire dans la durée.











