Publié par 15h07 Actualités

Golden Night: Pasira Fayila illumine Brazzaville

Golden Night à Brazzaville

Le 30 août, les projecteurs du Palais des Congrès de Brazzaville illumineront Golden Night, soirée fusionnant défilé haute couture et concert premium. À l’affiche, la chanteuse Pasira Fayila, figure montante de la rumba, portera haut les couleurs de la création féminine congolaise.

Pensée comme un laboratoire de l’imaginaire local, l’initiative entend rappeler que la musique et la mode peuvent devenir des alliées déterminantes dans la lutte contre les stéréotypes sexistes, en offrant aux femmes des scènes d’expression, de revenus et de visibilité trop longtemps réservées aux hommes.

Une programmation pensée pour le dialogue

Le programme mis en place par la production prévoit un premier set acoustique de Pasira, suivi d’un défilé dévoilant dix collections inspirées du pagne, avant un second acte plus électrique où l’artiste dialoguera avec un invité surprise dont l’identité, jalousement gardée, nourrit déjà toutes les conversations.

Pour renforcer l’expérience, champagne, whisky et finger food seront servis dans un lounge pensé pour favoriser le networking des entrepreneurs culturels. Ces moments d’échanges, souvent invisibles pour le grand public, constituent pourtant le socle financier indispensable au développement durable des industries créatives congolaises.

Pasira Fayila, trajectoire d’engagement

Née à Kinshasa, Pasira Fayila rejoint dès 2012 l’ensemble Anti Choc de Bozi Boziana. Ce passage lui permet d’affûter un timbre expressif, nourri par la polyphonie des chœurs féminins du groupe. En 2020, elle fonde F-Music et affirme son leadership artistique sur la scène régionale.

Les collaborations ultérieures avec le bassiste Godé Lofombo confirment son exigence musicale, tout comme son usage maîtrisé des réseaux sociaux pour entretenir une communauté transfrontalière. Sans trophée officiel à ce jour, l’artiste capitalise sur une notoriété organique entretenue par des concerts intimistes et des vidéoclips autoproduits.

Lors de Golden Night, le public découvrira un répertoire où l’intime dialogue avec le social. De la mélancolie de Sondama aux accents militants de Poule de la mort, Pasira met en scène des personnages féminins affrontant l’injustice, la pandémie ou la nostalgie du village ancestral.

Art contre violences sexistes

Cette dramaturgie musicale résonne particulièrement dans un contexte où les violences basées sur le genre demeurent préoccupantes. En transformant la scène en espace de narration, la chanteuse rappelle que l’art peut devenir un outil de résilience collective et un vecteur de sensibilisation sans posture moralisatrice.

Le volet mode, piloté par la styliste Grace Nkouka, fera défiler des silhouettes célébrant la pluralité des corps féminins. Loin des injonctions normatives, les coupes mettront en valeur hanches, courbes ou épaules, affirmant que le textile peut traduire une géopolitique intime de la confiance en soi.

Industries créatives et emploi féminin

Au-delà de l’esthétique, Golden Night s’inscrit dans la stratégie nationale de soutien aux industries culturelles, secteur reconnu pour sa capacité à générer des emplois féminins qualifiés. Selon l’Observatoire congolais de l’économie créative, la mode et la musique représentent déjà 7% des emplois urbains formels.

Les organisateurs annoncent le partenariat d’incubateurs locaux et d’instituts de microfinance, permettant à cinq jeunes couturières d’exposer gratuitement leurs premiers prototypes. Cette démarche illustre une approche inclusive où la fête devient aussi vitrine professionnelle, réduisant les barrières d’entrée qui freinent encore l’entrepreneuriat féminin.

Sécurité, accessibilité, écologie

La question de la sécurité, cruciale dans tout rassemblement, est abordée par un dispositif mixte combinant forces publiques et agents privés formés aux techniques de prévention des violences sexuelles. Pour la juriste Irène Ngoma, cette attention logistique envoie un signal fort : « la nuit appartient aussi aux femmes ».

Sur les réseaux, les billets VIP annoncés à cinquante mille francs CFA suscitent un débat sur l’accessibilité. Les promoteurs défendent une tarification progressive qui inclut également des places grand public à dix mille francs, argumentant qu’un événement viable économiquement est un préalable à toute démarche citoyenne durable.

Une charte écoresponsable, consultée par notre rédaction, fixe la part de matériaux recyclés à 40% dans la scénographie et impose le tri sélectif des déchets. Ces exigences répondent à l’attente croissante d’un public jeune conscient que la justice environnementale conditionne aussi la justice sociale.

Perspectives régionales et politiques

Si Golden Night réussit son pari, les initiateurs envisagent une tournée sous-régionale mettant en avant d’autres voix féminines, de Pointe-Noire à Libreville. Un tel maillage pourrait renforcer les échanges Sud-Sud, longtemps négligés, et consolider un marché culturel africain où les femmes occuperaient la première ligne.

En attendant, le rendez-vous du 30 août constitue déjà un laboratoire d’optimisme. Entre notes de rumba et éclats de soie, Golden Night rappelle qu’aucun agenda de développement ne saurait ignorer la puissance créative des femmes, ni la nécessité de leur offrir des espaces sûrs pour s’épanouir.

Les partenaires institutionnels, parmi lesquels le Ministère des Arts et du Tourisme, la délégation de l’Union africaine et plusieurs ONG spécialisées dans la protection des femmes, comptent documenter l’événement pour en produire des indicateurs d’impact. Ces données nourriront de futures politiques publiques fondées sur l’évidence.

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Étiquettes : , , , , Last modified: 30 août 2025
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