Vers la sortie de crise sportive
À Brazzaville, la nouvelle est tombée comme le rebond d’un ballon bien lancé : la Confédération africaine de handball a notifié, le 8 juillet dernier, la tenue d’une assemblée générale élective de la Fécohand pour le 16 août prochain. Dans la foulée, l’instance continentale a nommé une Commission électorale indépendante présidée par le magistrat tunisien Mouadh Ben Zaied. Tandis que le dépôt des candidatures s’ouvrira le 16 juillet, cette intervention externe apparaît comme l’ultime tremplin vers une normalisation attendue depuis plus d’un an par les clubs, les ligues départementales et l’ensemble des partenaires institutionnels.
Une médiation continentale attendue
L’irruption de la CAHB dans le processus n’est pas anodine. En acceptant de placer la tenue du scrutin sous une supervision neutre, la sphère sportive congolaise montre sa disposition à résoudre un différend qui, jusque-là, échappait aux médiations internes. « Nous avons fait le choix de la transparence intégrale, gage de paix sportive », assure Mouadh Ben Zaied, joint par téléphone depuis Tunis. Cette posture rejoint la volonté maintes fois exprimée par le ministère des Sports de préserver la crédibilité des fédérations nationales et d’inscrire leurs décisions dans un cadre conforme aux standards internationaux.
Le précédent de 2024, point de bascule
Pour comprendre la portée du nouveau calendrier, il faut revenir à l’assemblée générale du 22 septembre 2024. Ce jour-là, Yann Ayessa Ndinga Yengué avait été reconduit à la tête de la Fécohand, avant que la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport (CCAS) ne prononce l’annulation du scrutin, saisie par Avicenne Nzikou, président de la Ligue de Brazzaville et candidat malheureux. La décision invitait le Comité national olympique et sportif congolais (CNOSC) à orchestrer une nouvelle élection « dans un délai raisonnable ». Faute de consensus, les compétitions domestiques ont continué sous un climat de contestation larvée, nourrie par la poursuite des activités fédérales comme si de rien n’était.
La nouvelle feuille de route électorale
Le chronogramme transmis par la CAHB se veut précis : enregistrement des candidatures entre le 16 et le 25 juillet, publication des listes provisoires le 28 juillet, période de recours jusqu’au 2 août, puis validation définitive le 5 août. Les délégués disposeront de dix jours pour consulter les programmes des aspirants avant de se réunir à Brazzaville le 16 août. À en croire Jean Itoua Okemba, vice-président de la commission, « l’objectif premier est de garantir l’égalité d’accès à l’information et la sérénité du vote ». Le dispositif comprendra notamment un dépouillement public et la proclamation immédiate des résultats, pratique saluée par plusieurs observateurs internationaux.
Enjeux institutionnels et image du sport congolais
Si le handball demeure la discipline concernée, le rendez-vous du 16 août déborde largement le cadre d’un simple scrutin fédéral. Au-delà de la conquête statutaire, c’est l’aptitude des structures nationales à régler pacifiquement leurs litiges qui se joue. Dans un contexte où le gouvernement affirme depuis plusieurs années son ambition de professionnaliser l’écosystème sportif, parvenir à un vote incontesté renforcerait l’attractivité du pays auprès des bailleurs et des organisations régionales. Certains sponsors, échaudés par l’incertitude juridique, attendent d’ailleurs l’issue du processus pour confirmer leurs engagements financiers pour la saison 2025-2026.
Regards croisés des acteurs locaux
Du côté des clubs, le discours oscille entre prudence et optimisme. « Nous sommes prêts à tourner la page, mais pas à n’importe quel prix », confie une dirigeante de l’Étoile du Congo, préférant l’anonymat pour préserver la neutralité de sa formation. Avicenne Nzikou, toujours candidat déclaré, se félicite de la démarche africaine et assure vouloir « respecter la décision des urnes, quelle qu’elle soit ». Quant à Yann Ayessa Ndinga Yengué, il réaffirme être « à la disposition de la commission pour défendre son bilan », soulignant que l’équipe sortante « n’a jamais cessé d’œuvrer pour la promotion des jeunes talents ».
Perspectives pour un handball apaisé
À cinq semaines du scrutin, la vigilance demeure de mise, mais le ton s’est apaisé. La confiance accordée à une direction électorale étrangère, respectueuse des exigences de neutralité, pourrait servir de modèle à d’autres disciplines confrontées à des tensions comparables. À condition que les protagonistes respectent leur parole, le 16 août pourrait marquer la fin d’un cycle de crispations et le début d’une dynamique constructive, tournée vers la relance des championnats, la formation des cadres techniques et la participation compétitive du Congo aux échéances continentales. Les supporters, eux, n’attendent qu’une chose : retrouver le frisson d’un sport disputé sur le terrain, non dans les prétoires.