Publié par 15h52 Actualités

Journalistes congolaises : un nouveau souffle avant 2026

Enjeux médiatiques avant 2026

À dix-huit mois de l’élection présidentielle, la bataille de l’information se joue déjà dans les rédactions congolaises. Les médias, en première ligne, sont sollicités pour produire des contenus capables de renforcer la cohésion nationale et de prévenir toute dérive violente ou discriminatoire.

Selon les observateurs, la représentation équilibrée des genres reste un défi. Les femmes journalistes, encore minoritaires aux postes de décision, portent pourtant un regard essentiel sur les réalités sociales. Leur participation active au débat public est considérée comme un puissant vecteur de pluralisme et de pacification.

Trois jours pour transformer les pratiques

Du 11 au 13 août, Brazzaville a accueilli un séminaire intensif organisé par le ministère de la Communication et l’Unesco. Une quarantaine de professionnelles de la presse écrite, audiovisuelle et numérique ont alterné modules théoriques, études de cas et exercices de reportage.

Les discussions ont couvert le droit électoral, la prévention des discours de haine, la couverture sensible au genre et la gestion des sources numériques. Les formatrices ont souligné l’importance d’une rédaction inclusive où chaque sujet intègre systématiquement une dimension femme, paix et droits fondamentaux.

Des mises en situation ont permis de décortiquer des unes anciennes et de réécrire des titres jugés anxiogènes. L’objectif était de produire une information qui apaise sans édulcorer, vérifie sans retarder et donne la parole à tous les segments de la société congolaise.

Recommandations clés pour une info inclusive

À la clôture, les participantes ont adopté un mémorandum. La création d’un réseau de femmes journalistes chargé de partager alertes, données et expertises constitue l’axe 1. Il servirait de veille déontologique et de soutien contre le harcèlement, phénomène souvent invisible dans les salles de rédaction.

Le groupe prône également la systématisation de grilles d’analyse sensibles au genre lors des conférences de rédaction. Ces outils encouragent le choix de sujets reflétant la diversité des électrices et électeurs, hors de toute approche stéréotypée ou sensationnaliste.

Enfin, les rédactions sont invitées à promouvoir davantage de femmes aux fonctions éditoriales stratégiques. Les participantes estiment que la parité décisionnelle renforce la crédibilité des médias et ouvre la voie à un traitement plus équilibré des enjeux électoraux.

L’éthique au cœur du fact-checking

Serge Banyimbe, responsable par intérim du secteur communication de l’Unesco à Brazzaville, a rappelé deux dangers : relayer sans filtre la communication politique et négliger la vérification. « Tout le monde veut communiquer, mais le journaliste doit, lui, informer », a-t-il martelé devant une salle attentive.

Il a encouragé l’autorégulation face aux contenus viraux issus des réseaux sociaux ou générés par intelligence artificielle. L’inscription de protocoles de fact-checking clairs dans les chartes éditoriales est perçue comme une garantie de fiabilité pour le public congolais.

Les animatrices ont présenté plusieurs outils open source permettant de géolocaliser des images ou d’analyser les métadonnées d’une vidéo. Ces techniques, aisément reproductibles, devraient limiter la diffusion de rumeurs susceptibles de tendre le climat préélectoral.

Paroles de participantes

Pour Tania Noguera Ndinga de Vox TV, l’atelier marque « une première expérience précieuse ». Elle confie que la formation lui donnera des arguments supplémentaires pour proposer des sujets équilibrés à sa rédaction et « garantir un scrutin équitable pour tous les citoyens ».

La reporter Raymonde Banzouzi, basée à Pointe-Noire, estime que « l’élection est souvent abordée sous l’angle des élites politiques. Intégrer la perspective des femmes rurales ou des jeunes sans emploi enrichira le débat ». Son ambition est de mettre ces voix au cœur de ses futurs reportages.

Soutien institutionnel et avenir

Antoine Oviebo Ethaï, directeur de cabinet du ministre de la Communication, a salué une initiative « arrivant à point nommé ». Il a rappelé que les valeurs de vérité, d’éthique et de dialogue demeurent au centre de la stratégie gouvernementale de promotion de la paix sociale.

Le représentant a encouragé les participantes à diffuser les acquis dans leurs rédactions et promis un accompagnement technique pour finaliser un guide pratique sur la couverture électorale inclusive. Ce manuel servira de référence nationale à partir de 2024.

La révision des listes électorales, prévue du 1ᵉʳ septembre au 30 octobre, offrira un premier terrain d’application. Les rédactions impliquées entendent déjà tester les approches apprises, convaincues qu’une information responsable peut consolider la confiance entre citoyens, institutions et médias.

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Étiquettes : , , Last modified: 14 août 2025
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