Une initiative éducative soutenue
Du 11 au 14 août, une master class a rassemblé à Brazzaville une trentaine de jeunes femmes autour de la Fondation Pupuce Academy, programmée pour renforcer leur posture sociale et professionnelle.
La marraine, Aurélie Makosso, épouse du Premier ministre, a confié sa représentation à Marina Mondelé, signe du soutien institutionnel accordé aux programmes dédiés à la promotion des compétences féminines dans le pays.
L’approche se veut inclusive et complémentaire aux initiatives publiques de formation, sans se substituer à l’école ni aux programmes gouvernementaux, mais en offrant un espace d’expérimentation centré sur l’autonomisation.
L’héritage de Pupuce Ibata Ngalla
La Pupuce Academy rend hommage à Pupuce Ibata Ngalla, mécène culturelle et ancienne présidente du comité Miss Congo, admirée pour avoir encouragé l’expression artistique des jeunes femmes et leur rayonnement social.
Sa disparition a laissé un vide perçu par beaucoup comme un appel à poursuivre l’œuvre de transmission qu’elle menait, d’où la création d’une structure fusionnant culture, éducation et mentorat.
Pour Pucette Sassou N’Guesso, cofondatrice, l’académie incarne « un héritage d’excellence qui doit irriguer chaque arrondissement »; elle insiste sur la nécessité d’ouvrir des cohortes dans les zones périurbaines.
Des compétences sociétales stratégiques
Trois modules à forte valeur symbolique ont structuré la session : l’art de la table, l’étiquette et le savoir-vivre, considérés comme des marqueurs de respect et de concorde dans les interactions quotidiennes.
Selon Marina Mondelé, « l’art de la table agit tel un langage émotionnel qui traduit le partage », tandis que l’étiquette balise les conduites pour que dignité et empathie président à chaque rencontre.
Le savoir-vivre, présenté comme la synthèse des deux premiers axes, renvoie au patrimoine socio-culturel congolais, depuis les salutations codifiées jusqu’à la générosité proverbiale des familles.
Les participantes ont, en fin de parcours, obtenu un certificat valorisable dans leur curriculum, reconnaissant non seulement des aptitudes techniques mais aussi un engagement éthique jugé déterminant par les recruteurs du secteur tertiaire.
Cadre sociologique et défis contemporains
Les inégalités de genre au Congo-Brazzaville se manifestent encore par une participation économique féminine inférieure de dix points à celle des hommes, selon le dernier rapport du Centre national de la statistique.
Face à cet écart, les programmes non formels, tels que la master class de la Pupuce Academy, jouent un rôle de rattrapage symbolique mais aussi concret, en favorisant la confiance et la visibilité des jeunes professionnelles.
La sociologue Natacha Okandzi rappelle que la violence sexiste puise souvent dans l’asymétrie de pouvoir; or, renforcer les soft skills des femmes améliore leur capacité de prise de décision et réduit la dépendance matérielle.
Elle souligne toutefois l’importance d’articuler ces actions avec des campagnes de sensibilisation auprès des hommes et des réformes juridiques pour garantir une évolution durable des normes sociales.
Dans ce sens, la prochaine édition de la master class envisage d’accueillir des sessions mixtes et d’intégrer un module sur la lutte contre le cyberharcèlement, phénomène en croissance dans la capitale congolaise.
Des voix d’apprenant es engagées
Élevée dans le quartier Mfilou, Prisca, 22 ans, dit avoir découvert « la puissance de la posture » et prévoit de coacher à son tour des lycéennes pour répliquer le modèle.
Pour Grâce, étudiante en sciences économiques, l’apprentissage de l’étiquette a fait écho aux cours de management interculturel, lui rappelant que le capital relationnel commence souvent par des gestes simples, comme attendre que tout le monde soit servi.
La formatrice Véronique Mouyabi considère ces témoignages comme des indicateurs d’impact qui pourront être mesurés dans la durée, notamment par le suivi des projets de mentorat annoncés par les alumnae.
En coulisses, plusieurs jeunes hommes ont demandé à intégrer la prochaine session, soulignant que les codes civils ne relèvent pas d’une expertise exclusivement féminine mais d’un socle commun de citoyenneté.
Vers une dynamique inclusive durable
La Fondation Pupuce Academy prévoit déjà d’étendre le cursus en ajoutant des modules d’entrepreneuriat, de prise de parole en public et de gestion de projet, afin d’outiller les lauréates à créer leurs propres activités génératrices de revenus.
Un partenariat est à l’étude avec des entreprises locales pour financer des bourses, mais également pour accueillir des stagiaires, créant un pont direct entre la salle de formation et le marché de l’emploi.
Le ministère en charge de la promotion de la femme suit de près l’initiative, y voyant un vecteur complémentaire aux programmes nationaux de sécurisation et de valorisation du potentiel féminin.
Aux yeux des sociologues, articuler raffinement, confiance et leadership participe à la prévention des violences sexistes, car l’estime de soi et la maîtrise des codes sociaux renforcent les capacités de négociation et de protection des femmes.
En inscrivant les jeunes talents dans une logique de transmission intergénérationnelle et de rayonnement culturel, la Pupuce Academy espère contribuer à un Congo rayonnant, fier et solidaire, selon les mots de Marina Mondelé.
Un comité d’évaluation mesurera l’impact social à douze mois.
