Publié par 18h41 Actualités

Synode historique: l’EEC renforce la lutte VBG

Un rendez-vous spirituel et social majeur

La session extraordinaire du synode de l’Église Évangélique du Congo s’est ouverte le 10 juillet à Mansimou, dans une atmosphère mêlant prière et réflexion. Sous la présidence du Révérend Guy Loko Elenga, l’assemblée a voulu conjuguer intériorité spirituelle et lecture attentive des réalités congolaises contemporaines.

Dès le culte inaugural, le pasteur Loemba Timoté a invité les délégués à « dépasser un légalisme rigide » pour rendre la parole vivante. Le ton était donné : inscrire la foi protestante dans un mouvement d’ouverture, sans perdre la rigueur doctrinale qui fonde l’identité de l’EEC.

La révision des textes fondateurs

Au cœur des travaux figurait la relecture des statuts, du règlement intérieur et des dispositions financières. Les commissions ad hoc ont examiné chaque article, intégrant les propositions émises par les paroisses rurales et urbaines afin de produire une charte commune, cohérente et conforme aux exigences juridiques nationales.

La doctrine du salut par la grâce, l’autorité des Écritures et l’héritage calviniste ont été réaffirmés. Toutefois, la formulation laisse désormais place à la prise en compte de défis sociaux actuels, notamment l’égalité de genre et la protection des personnes vulnérables dans toutes les sphères ecclésiales.

Ethique et gouvernance au féminin

Une attention spéciale a concerné les règles disciplinaires et le statut du personnel. Le texte désormais prévoit des procédures distinctes contre harcèlement et discrimination. Pour la sociologue Justine Malonga, « cet encadrement ouvre une gouvernance plus inclusive, où la voix des femmes comptera réellement ».

Le Conseil synodal, partiellement renouvelé, compte désormais cinq conseillères contre deux auparavant. Le président Guy Loko Elenga a salué « une avancée pragmatique » et appelé la base à soutenir ces nouvelles leaders, estimant qu’elles favoriseront l’appropriation des réformes par les jeunes et renforceront la crédibilité de l’Église auprès des bailleurs.

Priorité aux droits des femmes

Les débats ont consacré une session entière aux violences basées sur le genre. Statistiques du ministère des Affaires sociales à l’appui, les délégués ont reconnu l’urgence d’une réponse ecclésiale structurée. Un module de formation sur l’écoute des survivantes sera introduit dans tous les centres bibliques dès la rentrée.

Une ligne verte confidentielle orientera les victimes vers soins, police et médiation familiale. Des pasteures formées au counseling piloteront l’initiative avec la plateforme nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, programme déjà soutenu par le gouvernement.

Dans son allocution, la ministre Irène Dibantsa a rappelé que l’Église constitue « un relais privilégié » pour diffuser les programmes publics de prévention. Elle a salué la volonté de l’EEC d’intégrer l’approche genre dans ses catéchèses et a promis un appui technique pour la formation des formateurs.

Partenariats stratégiques nationaux

L’EEC entretient de longue date une coopération avec les ministères chargés de la santé, de l’assainissement et de la promotion des peuples autochtones. Le synode a confirmé cette synergie, jugeant qu’elle renforce l’ancrage local des paroisses et crédibilise les messages de paix portés lors des cultes communautaires.

À Brazzaville, des équipes mixtes État-Église interviennent déjà dans les marchés Dombe et Total pour sensibiliser commerçantes et clients aux risques de violence domestique. Le pasteur Modeste Ngatsé note que ces tournées « apaisent les tensions et rappellent que la dignité des femmes est l’affaire de tous ».

Solidarités internationales renforcées

Des délégations venues de Norvège, Suède et France ont présenté leurs programmes d’entraide. Elles financeront des bourses pour la formation théologique des femmes congolaises et l’équipement de maisons d’accueil temporaires. La Fédération protestante de France a déjà annoncé une contribution initiale de 25 000 euros destinée au fonds VBG.

Au niveau régional, l’Alliance évangélique d’Afrique centrale a proposé un protocole de partage d’expertise sur la collecte de données concernant les agressions sexuelles. Cette mutualisation doit, selon le pasteur camerounais Samuel Nkombe, « permettre des plaidoyers plus solides face aux bailleurs multilatéraux et aux institutions de recherche ».

Défis financiers et vision d’avenir

Le chantier du bâtiment R3, appelé à abriter bureaux, bibliothèque et centre de formation, mobilise 55 millions de francs CFA déjà sécurisés. Il reste 35 millions pour achever le premier niveau. Des campagnes de dons numériques seront lancées afin d’impliquer la diaspora dans ce projet porteur d’emplois.

Un parking moderne et un garage d’entretien sont également planifiés, afin de créer un pôle de services autour du site. Selon l’économiste François Moundélé, « chaque franc investi génèrera des retombées locales significatives », contribuant à l’économie solidaire défendue par l’EEC depuis sa fondation en 1909.

Un synode placé sous le signe de l’espérance

La cérémonie de clôture a rassemblé fidèles, officiels et partenaires sous le même toit. Dans un silence recueilli, le président a exprimé sa gratitude et exhorté chacun à demeurer « sentinelle de justice et de paix ». Une prière finale a scellé l’engagement collectif pour l’année à venir.

Cette session extraordinaire laisse entrevoir une Église outillée pour répondre aux défis de genre sans renier sa vocation théologique. La route sera exigeante, mais le dialogue engagé entre autorités religieuses, État et société civile offre une base solide pour transformer les sermons en actions tangibles sur le terrain.

Visited 3 times, 1 visit(s) today
Étiquettes : , , Last modified: 17 août 2025
Close Search Window
Close